Le sage a parlé. Pierre Mazeaud, ancien président du Conseil constitutionnel, a vivement critiqué vendredi la tournure prise par la réforme des institutions. « Ce qui m’inquiète aujourd’hui, c’est le nombre d’amendements, on part dans tous les sens, on met n’importe quoi dans la constitution comme si c’était une loi simple, voire tout simplement un décret », a affirmé Pierre Mazeaud, gaulliste historique et proche de Jacques Chirac, sur Radio Classique.
« Amendements qui n’ont rigoureusement rien à voir avec la loi fondamentale »
Il a notamment cité des amendements du président UMP de la commission des Lois de l’Assemblée nationale, Jean-Luc Warsmann, qui aboutit selon lui à « la suppression des juridictions administratives », ou ceux concernant la parité et les langues régionales. « Tout cela me paraît un peu suivi en dépit du bon sens. Le gouvernement, à mon sens, ne prête pas suffisamment attention à ces questions », a-t-il dit.
Il a mis en cause la ministre de la Justice, Rachida Dati, qui défend le projet à l’Assemblée. « Elle doit non seulement défendre les propositions du gouvernement, mais éviter un nombre considérable d’amendements qui n’ont rigoureusement rien à faire avec la loi fondamentale », a-t-il estimé. Alors qu’on lui demandait si la garde des Sceaux faisait « mal son boulot », il a répondu qu’il n’était « pas loin de partager » ce commentaire.